vendredi 5 juin 2009

Le secteur de l'énergie au Cameroun: organisation institutionnelle et ressources énergétiques

1. L'organisation institutionnelle du secteur de l'énergie


Le secteur de l’énergie au Cameroun est organisé autour de très nombreuses structures administratives et organismes publics et privés :



- La Présidence de la République coordonne les activités du secteur et plus particulièrement celles relatives aux hydrocarbures ;
- Le Ministère de l’Énergie et de l’Eau (MINEE), à travers ses diverses directions (Électricité, Produits Pétroliers et Hydraulique), assure la conception, élabore et veille à l’exécution de la politique énergétique nationale ;
- Les Ministères : Recherche Scientifique de l’innovation (MINRESI) ; Finances ; Industrie et Développement Technologique ; Forêt de Faune ; Transports ; Environnement et protection de la Nature ;
- L’Agence de Régulation du Secteur de l’Électricité (ARSEL) assure la régulation et le contrôle des activités du sous secteur électricité ;
- L’Agence d’Électrification Rurale (AER) assure la promotion de l’électrification rurale ;
- Electricity Development Corporation (EDC), chargé du développement des infrastructures.

Plusieurs autres organismes et industries, publics et privés relèvent également du secteur de l’énergie, à savoir :
i)   Le repreneur stratégique de la concession du service public d’électricité, AES-SONEL[1], qui assure la production, le transport et la distribution d’électricité dans le cadre d’une concession de 20 ans. Elle fait aussi intervenir sa filiale KPDC ;
ii) La Société Nationale des Hydrocarbures (SNH), qui assure la recherche et l’exploration des hydrocarbures et gère les intérêts de l’État dans ce secteur ;
iii)   La Société Nationale de Raffinage (SONARA), qui assure le raffinage du pétrole brut et l’approvisionnement du marché national en produits pétroliers finis ;
iv)  La Société Camerounaise des Dépôts Pétroliers (SCDP), qui assure le stockage et l’approvisionnement des distributeurs de produits pétroliers ;
v)  La Caisse de Stabilisation des Prix des Hydrocarbures (CSPH), qui assure le mécanisme de stabilisation et de péréquation dans la distribution des produits pétroliers finis.

Par ailleurs, un certain nombre d’entreprises privées interviennent dans l’exploration, la production et la distribution des hydrocarbures ainsi que le transport et la distribution du pétrole brut (TOTAL ; ELF SEREPCA ; PECTEN). Pour ce qui est de la distribution de produits finis, diverses entreprises privées sont agréées, notamment : TOTAL ELF FINA ; OILYBIA ; CORLAY ; AZA AFRICA ; TRADEX ; TEXACO ; PETROLEX ; FIRST OIL ; CAMOCO ; SCTM ; CAMGAZ. Quelques sociétés privées agréées assurent le contrôle de qualité des produits pétroliers finis transférés entre plusieurs opérateurs ; il s’agit principalement de HYDRAC, SGS et POLYTECHNICS. D’autres agissent parallèlement dans la filière biomasse : ANAFOR et le Laboratoire de Recherche Energétique du MINRESI.


Au cours de la période 2001-2003, de grandes perturbations sont apparues dans la fourniture d’énergie électrique au sein de la concession du service public. Plusieurs PME se sont lancées dans le secteur des énergies renouvelables notamment dans le domaine du solaire photovoltaïque.
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2. Les ressources énergétiques
Il s'agit précisément de la biomasse, les produits pétroliers, l’électricité et les énergies renouvelables.

Le bois de feu et autres biomasses

La consommation de ce type d’énergie était estimée en 1987/1988, à 18,61% en zone urbaine contre 81,39% en zone rurale. L’évolution de la consommation est la suivante :
Ce tableau montre que la proportion de ménages utilisant le bois de feu s’est réduite de 20,41% en zone urbaine et de 13,67% en zone rurale, entre 1988 et 2005. Toutefois, la consommation totale de bois de feu reste élevée pour l’ensemble du pays en 2005 : 87,3% contre 78% en 2001 ; celle-ci reste néanmoins proche de la consommation enregistrée en 1996, qui s’élevait à 84%[2].

Les produits pétroliers
Ils sont constitués du gaz de raffinerie, du butane, du pétrole lampant, de l’essence, du super, du gasoil, etc. L’on s’intéressera dans le cadre de cette étude à deux de ces produits, à savoir le gaz domestique (gaz butane) et le pétrole lampant.
La consommation totale des produits pétroliers s’élevait à 807,46 KTEP en 1987/1988 et devrait se situer entre 1035,65 KTEP et 2099,54 KTEP en 2010. Le gaz domestique et le pétrole lampant représentaient respectivement pour la même année, 2,46% et 11,61% de cette consommation. Selon le milieu de vie en 2005, 92% de personnes consomment le pétrole lampant en zone rurale et 76,9% en zone urbaine. Par contre, 3,3% consomment le gaz domestique en milieu rural, contre 45,9% en milieu urbain.


L’électricité et les énergies renouvelables
En ce qui concerne l’électricité, le potentiel hydroélectrique est estimé à environ 20 000MW, soit plus de 115 milliards de kWh que le pays pourrait produire chaque année si ces ressources étaient mises en valeur. Les équipements de production sont hydrauliques et thermiques, et la puissance totale installée est d’environ 928MW, dont 723MW pour les trois centrales hydrauliques et 205MW pour les 39 centrales thermiques. Les prévisions situent cette puissance entre 1734MW et 2254MW en 2010[3]. Les trois principales centrales hydrauliques (Mapé, Mbakaou et Bamendjin) ont une capacité totale de 7600 millions de mètres cubes. La production est essentiellement assurée par AES-SONEL et s’élevait à 3919GWh en 2004. Les prévisions la situent entre 6125GWh et 9505GWh en 2010[4], et entre 7091GWh et 17174GWh en 2015[5].


Le réseau de transport est constitué des lignes Haute Tension (HT), Moyenne Tension (MT) et Basse Tension (BT). Le tableau ci-dessous présente la répartition des lignes, le nombre d’abonnés et les quantités d’énergie électrique vendues aux consommateurs :
AES-SONEL gère deux réseaux indépendants de transport et de distribution connus sous les noms de réseau interconnecté sud (90% de la consommation d’énergie) et réseau interconnecté nord, d’une longueur totale de près de 23000 km ; les autres zones du pays (notamment l’Est), qui ne sont pas connectées à ces réseaux, sont alimentées par des centrales diesel indépendantes.

Les énergies renouvelables sont pour la plupart celles qui permettent d’obtenir l’électricité ; on peut classer dans cette catégorie, l’énergie solaire photovoltaïque (électricité à usages domestique ou professionnel, produite à partir de la lumière, à l’aide des panneaux solaires), l’énergie solaire thermique (production de chaleur, par conversion de l’énergie contenue dans le rayonnement solaire), l’énergie éolienne (électricité produite à partir du vent) et l’énergie géothermique (énergie issue de la chaleur du sous sol). Ces deux dernières sources d’énergies ne sont pas encore exploitées au Cameroun, bien que les régions du Nord et de l’Extrême Nord présentent des sites favorables pour le développement de l’énergie éolienne, notamment les villes de Maroua et Kaélé.


[1] Cette cession est intervenue le 18 juillet 2001.
[2] Ces résultats ont été obtenus après les ECAM I et II, et l’enquête GPL.[3] Ces prévisions ont été établies lors de la réalisation du Plan Energétique National de 1990. Elles sont calculées suivant trois hypothèses (Scénarios A, B et C) :
- Scénario A : croissance économique très faible avec échec du Programme d’Ajustement Structurel ;
- Scénario B : croissance modérée et réussite du Plan d’Ajustement Structurel ;
- Scénario C : Réussite du Plan d’Ajustement Structurel et environnement économique international favorable.
[4] Ces prévisions sont faites suivant les scénarios ci-dessus.[5]Ces estimations sont faites sur la base du Plan de Développement du Secteur de l’Electricité 2030 (PDSE-2030).