dimanche 28 septembre 2008

Quelques organisations qui oeuvrent pour la promotion de l'énergie et la lutte contre la pauvreté

World Energy Council - Conseil Mondial de l'Energie
The World Bank - Banque Mondiale
Institut de l'Énergie et de l'Environnement de la Francophonie
Environnement et Développement du Tiers Monde (ENDA-TM)
Energy Sector Management Assistance Program (ESMAP)
Programme des Nations Unies pour le Développement
Agence de Régulation du Secteur de l'Electricité (CAMEROUN)
AES-SONEL (CAMEROUN)
GVEP International
Etudes Engineering Développement (EED)
Réseau International d'Accès aux Energies Durables (RIAED)
African Rural Energy Enterprise Development (AREED)

Evenements à venir (Séminaires, Conférences, Appel à contributions,...). Consultez les liens ci-dessous

vendredi 19 septembre 2008

Indicateurs de la pauvreté selon le PNUD et la Banque Mondiale


Selon le PNUD
L’indicateur utilisé par le PNUD pour appréhender la pauvreté est l’Indicateur Pauvreté Humaine (IPH). Celui-ci est centré sur trois aspects essentiels de la vie humaine déjà envisagés dans le cadre de l’Indicateur de Développement Humain (IDH) : longévité, instruction et conditions de vie décentes. Ces aspects sont envisagés sous l’angle des manques et permettent de calculer deux IPH.

L’IPH1 est calculé sur la base des trois indicateurs P1, P2 et P3 (exprimés en pourcentage), en déterminant leur moyenne cubique.
- P1 traduit les insuffisances en termes de longévité ; il est représenté par le pourcentage de personnes risquant de décéder avant l’âge de 40 ans ;
- P2 est le pourcentage d’analphabétisme ;
- Le sous-indicateur composite P3 traduit le manque de conditions de vie décentes au niveau économique, il s’obtient en calculant la moyenne arithmétique de trois variables : P31, P32, P33 (PNUD, 1997) : le pourcentage d’individus privés d’accès à l’eau potable (P31), celui des personnes privées d’accès aux services de santé (P32), et celui des enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition (P33).
L’IPH2 est calculé sur la base des quatre indicateurs P1, P2, P3 et P4 (exprimés en pourcentage), en déterminant leur moyenne cubique.
- P1 traduit le pourcentage de décès avant 60 ans ;
- P2 est le pourcentage d’illettrisme ;
- P3 représente le manque de conditions de vie décentes, estimé par le pourcentage de personnes vivant en-dessous de la demi médiane de revenu disponible des ménages : si M est niveau de revenus tel qu’une moitié de la population a un revenu supérieur à M et l’autre moitié un revenu inférieur à M, alors P3 est le pourcentage de personnes ayant un revenu inférieur à M/2 ;
- P4 est le pourcentage de personnes en chômage de longue durée, c’est-à-dire membre de la population active et sans emploi depuis au moins 12 mois.

Contrairement à l’IDH dans lequel les conditions de vie sont mesurées par le PIB réel par habitant, l’IPH n’intègre pas la dimension « monétaire » de la pauvreté. Ce choix se justifie par le fait que : « Le PNB pris en compte dans l’IDH est en fait un amalgame des moyens publics et privés, les services publics étant financés à partir du revenu national dans son ensemble. Le revenu privé ne saurait rendre compte correctement des ressources économiques dont un individu peut profiter, lesquelles comprennent des services publics essentiels (tels que les infrastructures médicales et l’approvisionnement en eau potable) ». Puisque les individus peuvent également bénéficier des services publics, un indicateur reposant uniquement sur le revenu privé aurait pour conséquence la surestimation de la pauvreté. Cependant, l’attitude du PNUD, consistant à ne comptabiliser que les « services publics », peut présenter des limites analogues ou symétriques (soit une sous-estimation de la pauvreté).

Un autre problème posé par la mesure de la pauvreté monétaire est que l’application à tous les pays d’un seuil de pauvreté identique peut gravement induire en erreur, parce que la conception du « nécessaire » varie d’une société à l’autre. Le PNUD invoque l’argument selon lequel il est difficile d’établir un seuil de pauvreté satisfaisant sur le plan international, et renvoie ainsi au débat qui oppose les partisans de la pauvreté absolue et ceux de la pauvreté relative. Il aurait toutefois été possible de calculer, pour chaque pays, des taux spécifiques pour la « pauvreté monétaire ». L’adoption d’un seuil national tel que 40 ou 50 % du revenu médian, comme c’est actuellement le cas pour la majorité des pays développés, aurait pu être relativement satisfaisante. Le PNUD semble néanmoins déterminé à ne pas faire entrer cette variable dans son indicateur en évoquant les difficultés à déterminer les spécificités et à estimer les seuils de pauvreté respectifs pour chacun des pays. Les seuils officiels nationaux ne peuvent atteindre cet objectif, car ils subissent des influences d’un autre ordre, notamment politique, et ne peuvent servir dans le cadre de comparaisons internationales.

Selon la Banque Mondiale
La Banque Mondiale quant à elle, passe en revue une série d’indicateurs ou « pistes de réflexion » possibles pour évaluer les divers domaines concernés par la pauvreté (la santé et l’éducation, la vulnérabilité, le manque de parole et le manque de pouvoir). En ce qui concerne la santé, l’indicateur retenu est quasiment le même que celui du PNUD. Elle opte en effet pour le taux de mortalité infantile, et celui des moins de 5 ans. Dans le domaine éducatif, les indicateurs adoptés sont soit le taux d’inscription brut, soit, lorsque les données sont disponibles, le taux d’inscription net.

Parmi les nouveautés[1], il y a la vulnérabilité, dont la Banque mondiale précise qu’un indicateur ne saurait l’évaluer dans sa dimension dynamique (les taux de fréquence d’entrée et de sortie de la pauvreté). Face à cela, elle préconise de mener des études à partir des données fournies par les enquêtes de consommation ou les recensements (tout en admettant que ces informations sont souvent insuffisantes). « Comme ce concept est dynamique, il ne peut être mesuré en observant les ménages une fois seulement. Il existe maintenant un consensus croissant sur le fait qu’il n’est ni possible ni souhaitable d’appréhender la vulnérabilité par un seul indicateur». La Banque mondiale n’évoque toutefois pas les indicateurs susceptibles de constituer une approche plus satisfaisante. Pour cette institution, la « vulnérabilité » ne semble donc pas être mesurable à proprement parler. En ce qui concerne le manque de parole et le manque de pouvoir, elle admet d’emblée qu’ils sont difficiles à quantifier.

Ces remarques relatives aux divers champs envisagés par la Banque mondiale pour évaluer la pauvreté peuvent laisser penser que sa démarche est aussi « ouverte » que celle du PNUD. Cependant, en y regardant de plus près, il s’avère qu’elle est sensiblement différente. En effet, elle n’élabore pas d’indicateur comme l’IPH et ne cherche pas à le faire, plutôt, il se concentre sur l’indigence dans ses différents aspects, et en particulier, sur le cas des pauvres au niveau du revenu. La Banque mondiale commence par cerner les populations pauvres en se basant sur un critère de revenu (ou de consommation). Puis, elle cherche à voir comment les divers domaines se combinent, se renforcent ou s’exacerbent pour accroître ou diminuer l’état d’indigence de cette catégorie sociale.

Pour déterminer la catégorie des revenus pauvres, elle fixe deux seuils de pauvreté :
- Le seuil inférieur retenu pour évaluer la pauvreté « absolue » est mieux connu sous le nom de ‘‘seuil de un dollar US par jour’’. Il est ensuite traduit en un seuil « national » (c’est-à-dire en monnaie locale) par le biais d’une formule de parité du pouvoir d’achat ;
- Le seuil supérieur, connu sous le nom de «seuil de deux dollars US par jour », égal au double du seuil précédent.

Le choix de l’un ou de l’autre dépend du niveau de développement. S’agissant des pays à revenu intermédiaire, comme l’Amérique latine ou certains pays d’Asie, le second seuil est considéré comme étant un meilleur indicateur de la pauvreté réelle des populations. Le premier seuil est, quant à lui, adapté aux pays les moins avancés, dont l’Afrique subsaharienne.

Une fois le seuil de pauvreté fixé, la Banque Mondiale utilise d’autres indicateurs qui lui permettent de faire une analyse plus fine, tel l’incidence de la pauvreté, qui représente la proportion de personnes se situant sous le seuil de pauvreté. Toutefois, l’indicateur « par tête » ne donne aucune information sur les différences de revenus au sein de la population pauvre. Face à cela, la distance des personnes par rapport au seuil de pauvreté (poverty gap), vise à déterminer la « profondeur » de la pauvreté. Il rend ainsi compte du niveau de revenu dont disposent les pauvres, et le compare avec le seuil de pauvreté fixé. Enfin, le degré d’inégalité des revenus au sein de la population pauvre (squared poverty gap). La répartition du revenu parmi les pauvres peut en effet constituer une information utile pour comprendre leurs convergences ou divergences d’intérêt.

[1] Rapport sur le développement dans le monde : combattre la pauvreté (2000).
Source: Premier chapitre de ma Thèse de doctorat

mardi 16 septembre 2008

Efficiency of the electricity sector and social welfare in Cameroon


1. Introduction

The reform that took place in Cameroon in the 1990s can be traced back from the unsuccessful experiences that intended to make public enterprises the engine behind the economic system (Tamba, 1996). Within the framework of this reform, the government tried to rationalize the management of public and para-public sector enterprises through the restructuring of some, the liquidation and privatization of others (MINEFI, 1995).

Resorting to the private sector, through the privatization of public enterprises can be justified on the one hand by the link introduced by Leibenstein (1978) between X-inefficiency and a public enterprise; and on the other hand, by the transfer of property rights, which gives private enterprises a managerial superiority (Alchian, 1965 and Demsetz, 1967).The message highlighted by these authors is that in contrast to the public sector, an individual controls his integral rights in a private structure. Schmidt (1991) takes over the idea and establishes a relation between the nature of an enterprise an its investment level. He arrives at the conclusion that the incentive to invest is larger in the private sector than in the public sector because the operator controls the entire enterprise.

In order to answer the question of the efficiency of the electricity sector in Cameroon and its impact on social welfare, we would, in a first place pinpoint the problem of this sector, then come out with the methodological elements that will enable us to measure the change in social welfare, and finally the results of this measure.

2. Research Problem
Until 2001, the supply of electricity in Cameroon was provided by the National Electricity Company (SONAL), which was created in 1974 by the fusion of Electric Energy Company of Cameroon (ENELCAM) and Cameroon Electricity (EDC). Its mission was to produce, transport and distribute electric energy. These three segments have undergone enormous evolution ever since the creation of the company.

In terms of production, it moved from 1312GWh in 1975 to 2417GWh in 1988, then to 3536GWh in 2001. This was due to the increase in the power installed, which moved respectively from 316MW to 757MW, to 843,5MW, during these three periods. Until 1994, SONEL exploited in this transportation segment, 225kV lines of 480km 110kV lines of 100km, 90kV lines of 1064km . In 2001, the length of 110kV lines move to 337km, while the others remained unchanged. In 1988, the distribution segment was made up of 7928km of lines distributed in the following manner: 3864km of average lines with a tension of 33, 30, 15, 10 and 5,5kV; 406km of lines with low tension and 3299 transformation posts. The modifications made in this segment led to an increase in lines and transformation posts. About 19033 km of lines and 6444 posts were censured in 2001.

Although these equipments ensure the provision of a minimum service, two major problems can still be observed. The first is linked to the financial structure of the enterprise that started degrading in 1994, up to the extent that during the period 1996/1997, the unpaid bills of the State and the communes increased to the level of 13534 millions FCFA. The unpaid bills to funding agencies were 26587 millions of FCFA in June 30 1997, and the debts vis-à-vis suppliers was 11095 millions of FCFA at the period date. Money in the cash desk, which was 1546 millions FCFA on the 30th of June 1996 moved to 205 millions in FCFA on the 30th June 1997.

The second problem is linked to the tariffs applied to the different consumers and insufficient investment. It has been observed that low tension and average tension customers subsidize those of the high tension category especially ALUCAM, which consumes about 52% of total electricity production. This is the origin of light cuts. This translates an efficiency problem in the activity of the enterprise, which can be due to under-investment. In the Cameroon electricity sector, inefficiency is observed when energy loss in the network and non-supplied energy (intensity of electricity cuts) increases with time.

These problems seriously affected the enterprise, and the solution adopted by the government was to privatize it. This decision came into being in October 1999 and was effective in the 18th of July 2001: the State enabled a partner to take a majority share in the capital of the company. It therefore became AES-SONEL and it is still in charge of producing, transporting and distributing electricity in the national territory.

The main objective of privatizing the enterprise was to improve the efficiency, production, transportation and distribution of electric energy, as well as the quality of the service supplied. Privatizing SONEL had to lead to getting the finance in order to carry out the necessary investments for the development of the electricity sector (more than 900 billions of FCFA for 20 years), in order to benefit from the professional expertise of accredited world operators of the sector.

The movement from SONEL to AES-SONEL led to a shift from a public monopoly to a private monopoly. This situation is one of the sources of inefficiency, as the rent that such a private monopoly would be searching for will not enable her fix a price at the level of marginal cost as is the case in a competitive situation. This might automatically have an effect on consumers’ welfare and might justify the importance of regulating enterprises in a monopoly situation (Carlton and Perloff, 1998). Regulation can be defined as the authority the State has in controlling economic activity, especially in the presence of monopolies, externalities, asymmetric information or when a good is of a public nature (Leveque, 1998).

Studies carried out by certain authors on privatization show its relation to regulation (Vickers and Yarrow, 1988; Donahue, 1989 and Trinh, 1997). Vickers and Yarrow (1988) study privatization in Great Britain, and remark that it can hardly be envisaged without regulation. They conclude among others that privatization is optimal when enterprises evolve in a competitive market. However, if an enterprise has a monopoly power, privatization should be accompanied by regulation in order to guarantee social welfare. It would therefore be important to study the consequences of regulation on social welfare when a privatized enterprise is regulated.

The regulation of the Cameroon electricity sector is performed by the Regulation Agency (ARSEL) which was created following the law No 98-022 of the 24 December 1998. The main purpose of the implementation of this agency is to favour the increase in investment in order to improve the efficiency of the sector and to guarantee social welfare.

The objective of this paper is to measure the change in social welfare that results from the efficiency of the electricity sector in Cameroon. In order to attain this objective, we would, in a first place appreciate the effect of privatization on the efficiency of the electricity sector, and then evaluate the impact of the regulation of the electricity sector on social welfare in Cameroon.

Efficacité du secteur de l'électricité et bien-être social au Cameroun


1. Introduction

La réforme intervenue au Cameroun à partir des années quatre vingt dix trouve son origine dans l’insuccès des expériences ayant conduit à faire des entreprises publiques la clé de voûte du système économique (TAMBA, 1996). Dans le cadre de cette réforme, le gouvernement a entrepris de rationaliser la gestion des entreprises du secteur public et parapublic à travers la restructuration de certaines, la liquidation et la privatisation d’autres (MINEFI, 1995).

Le recours au secteur privé, à partir de la privatisation des entreprises publiques se justifie dans un sens, par le lien introduit par LEIBENSTEIN (1978), entre l’inefficience-X et l’entreprise publique ; et dans un autre, par le transfert des droits de propriété qui confère une supériorité de gestion de l’entreprise privée (ALCHIAN, 1965 et DEMSETZ, 1967). Le message qui est véhiculé par ces auteurs est qu’un individu contrôle l’intégralité de ses droits dans une structure privée, contrairement à une structure publique. Cette idée est reprise par SCHMIDT (1991), qui établit le lien entre la nature d’une entreprise et son niveau d’investissement. Il aboutit à la conclusion selon laquelle l’incitation à investir est plus grande dans le secteur privé que dans le secteur public, du fait que l’opérateur contrôle l’entreprise dans son intégralité. (lire les fondements théoriques de politiques des privatisations)

Afin de répondre à la question de l’efficacité du secteur de l’électricité et du bien-être social au Cameroun, l’on précisera en premier lieu le problème de ce secteur, puis les éléments méthodologiques devant permettre de mesurer la variation de bien-être social et enfin les résultats de cette mesure.

2. Le problème
Au Cameroun, la fourniture de l’électricité était assurée jusqu’en 2001 par la Société Nationale d’Electricité du Cameroun (SONEL), qui a été créée en 1974 par la fusion des sociétés Energie Electrique du Cameroun (ENELCAM) et Electricité du Cameroun (EDC). Sa mission était de produire, transporter et distribuer l’énergie électrique. Ces trois segments ont connu une nette évolution depuis la création de la société.

En ce qui concerne la production, elle est passée de 1312GWh en 1975 à 2417GWh en 1988, puis à 3536GWh en 2001. Ceci grâce à l’augmentation de la puissance installée qui est passée de 316MW à 757MW, puis à 843,5MW, respectivement sur ces trois périodes. Sur le segment du transport, la SONEL exploitait jusqu’en 1994, 480km de lignes 225kV, 100km de lignes 110kV, 1064km de lignes 90kV. En 2001, la longueur des lignes 110kV est passée à 337km, les autres sont restées inchangées. Le segment de la distribution quant à lui comprenait en 1988, 7928km de lignes répartis de la manière suivante : 3864km de lignes moyenne tension à 33, 30, 15, 10, et 5,5kV ; 4064km de lignes de basse tension et 3299 postes de transformation. Les aménagements effectués dans ce segment ont conduit à l’augmentation des lignes et des postes de transformation. L’on a recensé environ 19033km de lignes et 6444 postes en 2001.

Bien que ces équipements permettent d’assurer un service minimum, deux problèmes majeurs ont cependant été observés. Le premier est lié à la structure financière de l’entreprise qui s’est dégradée à partir de 1994, si bien qu’au cours de l’exercice 1996/1997, les impayés de l’Etat et des communes s’élevaient à 13534 millions de FCFA. Les impayés auprès des bailleurs de fonds étaient de 26587 millions de FCFA au 30 juin 1997, et la dette vis-à-vis des fournisseurs était de 11095 millions de FCFA à la même date. La trésorerie qui était de 1546 millions de FCFA au 30 juin 1996 est passée à 205 millions de FCFA au 30 juin 1997.

Le deuxième problème est lié aux tarifs appliqués aux différents consommateurs et à l’insuffisance d’investissement. L’on a constaté d’une part que les clients des catégories basse tension et moyenne tension subventionnaient ceux de la catégorie haute tension et principalement le client ALUCAM, qui consomme près de 52% de la production totale d’électricité. D’autre part, l’on a remarqué que le taux de croissance de la demande est supérieur au taux de croissance de la puissance installée, et donc de la production. Ce qui est à l’origine des délestages. Ceci traduit un problème d’efficacité dans l’activité de l’entreprise qui peut être dû au sous investissement. Dans le secteur de l’électricité au Cameroun, l’inefficacité est révélée lorsque les pertes d’énergies dans le réseau et les énergies non fournies (intensités des délestages) augmentent avec le temps.

Ces problèmes ont fortement affecté l’entreprise et la solution choisie par le gouvernement a été de la privatiser. Cette décision est intervenue en octobre 1999 et a été effective le 18 juillet 2001, l’Etat ayant permis qu’un partenaire prenne une participation majoritaire dans le capital de la société. Elle est donc devenue AES-SONEL et est toujours chargée de produire, transporter et distribuer l’électricité sur le territoire national.

Les principaux objectifs de cette privatisation étaient axés sur l’amélioration de l’efficacité dans la production, le transport et la distribution de l’énergie électrique, ainsi qu’à la qualité du service fourni. La privatisation de la SONEL doit permettre de lever les financements indispensables pour la réalisation des investissements nécessaires au développement du secteur de l’électricité (plus de 900 milliards de FCFA sur 20 ans), afin de bénéficier de l’expertise professionnelle d’opérateurs de réputation mondiale. Elle devra ensuite permettre de fournir l’électricité à un prix compétitif aux industries et à la population camerounaise pour soutenir la croissance et améliorer la compétitivité globale de l’économie.

Le passage de la SONEL à l’AES-SONEL a ainsi traduit le passage d’un monopole public à un monopole privé. Cette situation est l’une des sources d’inefficience, car la rente recherchée par l’entreprise ne la conduira pas à fixer son prix au niveau du coût marginal comme cela est le cas en situation de concurrence. Ce qui pourrait automatiquement avoir un impact sur le bien-être des consommateurs et pourrait justifier l’importance de la réglementation des entreprises en situation de monopole (CARLTON et PERLOFF, 1998). La réglementation peut être définie comme le pouvoir de l’Etat à contrôler l’activité économique, notamment lorsqu’il y a la présence de monopoles, d’externalités, d’asymétries d’information ou lorsqu’un bien est public (LEVEQUE, 1998).

Les études menées par certains auteurs sur la privatisation font ressortir son lien avec la réglementation (VICKERS et YARROW, 1988 ; DONAHUE, 1989 et TRINH, 1997). VICKERS et YARROW (1988) étudient la privatisation en Grande Bretagne, et remarquent qu’elle peut difficilement être envisagée sans la réglementation. Ils concluent entre autres que la privatisation est optimale quand les entreprises évoluent dans des marchés concurrentiels. Cependant, si une entreprise détient un pouvoir de monopole, la privatisation devrait s’accompagner de la réglementation afin que le bien-être social soit garantit. Il serait donc important d’étudier les conséquences de la réglementation sur le bien-être social lorsqu’une entreprise privatisée est réglementée.

La réglementation du secteur de l’électricité au Cameroun est assurée par l’Agence de Régulation (ARSEL) qui a été créée suivant la loi N° 98-022 du 24 décembre 1998. Le but principal de la mise en place de cette agence est de favoriser l’accroissement des investissements, afin d’améliorer l’efficacité du secteur et de garantir le bien-être social.

L’objectif de ce papier est de mesurer la variation de bien-être social consécutive à l’efficacité du secteur de l’électricité au Cameroun. Pour cela, l’on appréciera en premier lieu l’effet de la privatisation sur l’efficacité du secteur de l’électricité et en second lieu, l’on évaluera l’impact de la réglementation du secteur de l’électricité sur le bien-être social au Cameroun.

lundi 15 septembre 2008

Accès à l'électricité et indicateurs de la pauvreté dans la zone rurale du sud au Cameroun


L'électricité est considérée comme l’une des clés du développement économique et social, et sa disponibilité contribue à la réduction de la pauvreté, non seulement à travers la croissance économique, mais aussi par la satisfaction des besoins vitaux de santé et d’éducation (SIHAG[1] et al., 2004). L’objectif du présent document est d’étudier le lien entre l’accès à l’électricité et les indicateurs de la pauvreté dans la zone rurale du Sud Cameroun. Le but poursuivi par cette analyse est de pouvoir procéder à une orientation efficace des politiques à mettre en œuvre pour un accès équitable des ménages du Cameroun, précisément ceux de la province du Sud où l’incidence de la pauvreté est de 19,6%.

La méthode mise en œuvre pour atteindre cet objectif consiste à identifier les principaux indicateurs de la pauvreté tels que précisés lors de la deuxième enquête camerounaise auprès des ménages (ECAM II, 2001) et d’apprécier les taux d’accès et d’utilisation pour l’éclairage en fonction de ces derniers. Les indicateurs choisis dans le cadre de cette étude sont : l’indicateur de niveau de vie ; l’indicateur de logement ; l’indicateur d’éducation et l’indicateur d’emploi. Les données sont issues de l’enquête GPL (2004) et analysées sous le logiciel SPSS 13.0.

.
1) Taux d’accès, taux d’accès effectif et taux d’utilisation pour l’éclairage selon le niveau de vie des ménages

Le taux d’accès représente le ratio entre le nombre d’abonnés (ménages disposant d’un compteur AES-SONEL) et le nombre total de ménages d’une localité. L’accès effectif par contre, est le ratio entre le nombre de ménages disposant de l’électricité (abonnés AES-SONEL et non abonnés) et le nombre total de ménages d’une localité.

Le graphique ci-dessous donne les différents taux, ainsi que le taux d’utilisation pour l’éclairage en fonction du niveau de vie :




Ce graphique permet de faire deux constats :
- Environ 21% des ménages pauvres de la province du Sud sont abonnés, contre 22% chez les non pauvres et dans l’ensemble de la province ;
- L’on s’attendrait à ce que le taux d’utilisation pour l’éclairage soit au moins égal au taux d’accès effectif, mais l’on remarque qu’il est à chaque fois inférieur quelque soit le découpage effectué : 12,4% chez les pauvres, 21,5% chez les non pauvres et 19,7% pour l’ensemble de la province.

En s’intéressant uniquement aux ménages pauvres, on remarque que 17,3% utilisent l’électricité, alors que 21% environ sont abonnés ; 12,4% utilisent cette source pour l’éclairage bien que 17,3% disposent de l’électricité. Ces résultats conduisent à tirer deux conclusions :
- Le taux d’utilisation pour l’éclairage inférieur au taux d’accès effectif montre qu’il y a moins de ménages qui utilisent cette source pour l’éclairage que de ménages disposant d’un branchement électrique. Ce résultat indique que ces ménages seraient très pauvres et ne disposeraient pas de moyens nécessaires pour obtenir une ampoule électrique, ou qu’ils sont victimes de coupures liées au réseau principal.
- Le taux d’accès effectif inférieur au taux d’accès indique qu’il y a plus de ménages abonnés que de ménages disposant d’un branchement AES-SONEL ou non. L’on se serait attendu à ce qu’ils soient au moins égaux. Ce qui peut s’expliquer par deux raisons : les délais assez (très) longs observés entre la date de prise d’un abonnement dans son agence et la pose effective du compteur d’électricité à son domicile ; et le type de logement des ménages.

2). Type de logement des ménages de la province du Sud


Les ménages de cette province résident soit dans des maisons isolées, dans des maisons à plusieurs logements ou dans des villas modernes. Environ 90% des ménages de cette province habitent des maisons isolées, ce qui montre que le raccordement chez les ménages disposant d’un compteur n’est pas aisé et peut donc expliquer le taux d’accès effectif inférieur aux taux d’accès.

3). Taux d’accès, taux d’accès effectif et taux d’utilisation pour l’éclairage selon le niveau d’instruction


L’incidence de la pauvreté est plus élevée chez les ménages dont le chef a le niveau primaire (40,6%) et nulle chez les ménages dont le chef n’a aucun niveau, le niveau secondaire technique second cycle et le niveau supérieur.

En s’intéressant à ces quatre groupes, ces résultats montrent qu’il existe une relation inverse entre l’incidence de la pauvreté et l’accès à l’électricité en milieu rural dans la province du Sud : l’incidence de la pauvreté est élevée chez les ménages dont l’accès à l’électricité est faible (niveau d’instruction primaire) et l’incidence est faible chez les ménages dont les taux d’accès (accès et accès effectif) sont très élevés (secondaire technique second cycle et supérieur) ; excepté pour ceux n’ayant aucun niveau où l’incidence est faible et les taux d’accès faibles. L’on peut dire ici que l’importance accordée à l’électricité est de plus en plus importante à mesure que le niveau d’instruction augmente.

4) Taux d’accès, taux d’accès effectif et taux d’utilisation pour l’éclairage selon l’emploi

Environ 20% des ménages qui disposent d’un emploi ont un compteur AES-SONEL. Le taux d’accès est très élevé chez les ménages disposant d’un emploi dans l’administration publique (76,9%) pour une incidence de la pauvreté faible (5,1%). L’on constate par contre que l’incidence de la pauvreté et le taux d’accès sont élevés chez les ménages disposant d’un emploi dans des entreprises publiques ou parapubliques. Ceci montre que les ménages pauvres de cette catégorie sont aussi très nombreux à être abonnés. Ceux-ci ne disposent pas encore de compteurs à leur domicile et/ou habitent des maisons isolées, rendant le raccordement difficile chez des voisins disposant d’un compteur AES-SONEL.

L’objectif de cette analyse était d’étudier le lien entre l’accès à l’électricité et les indicateurs de la pauvreté dans la zone rurale du Sud Cameroun. Le but poursuivi était de pouvoir procéder à une orientation efficace des politiques à mettre en œuvre pour un accès équitable des ménages de cette province.

Il ressort de cette étude, qu’environ 20% des ménages de la province du Sud sont pauvres, 22% sont abonnés, 25,8% disposent d’un branchement électrique (AES-SONEL ou non) et environ 20% seulement utilisent cette source pour l’éclairage.

Les mesures à prendre sont axées principalement sur l’éducation et le niveau de vie des ménages. Le premier axe consiste à accroître le niveau d’instruction dont on a pu observer que l’accès à l’électricité augmente avec celui-ci. Le deuxième axe consiste à intensifier les activités agricoles afin qu’elles génèrent suffisamment de revenus, nécessaires à l’accroissement de l’accès à l’électricité, étant donné que 98,2% des ménages qui disposent d’un emploi dans cette province exercent dans des entreprises privées agricoles.
[1] SIHAG, A. R. ; MISRA, N. et SHARMA, V. (2004), ‘‘Impact of power sector reform on the poor : case-studies of South and South-East Asia”, Energy for Sustainable Development, Vol VIII, N° 4, December, New-Dehli.

Energie, pauvreté et atteinte des OMD

La consommation finale d’énergie au Cameroun était d’environ de 3,74 Mtep, répartie entre les produits pétroliers (0,66 Mtep), la biomasse (2,31 Mtep) et l’électricité (0,56Mtep) (MINEF, 1999) ; ceci fait de la biomasse l’énergie la plus consommée par les ménages, surtout ruraux (98% dans les régions de savane). On note aussi un faible taux d’accès des populations à l’électricité (23,51%), par rapport à la biomasse (68,5%), le pétrole lampant (70,47%), le charbon de bois (31,12%) (MINEF, 2001).
Ces quatre sources d'énergie représentent environ 3,5% des dépenses annuelles totales de consommation des ménages en zones rurales (bois de feu : 1,4% ; pétrole lampant : 1,3% ; électricité : 0,7% ; gaz domestique : 0,1%) ; celles-ci concurrencent les dépenses scolaires dans cette même zone (3,3%).
.
.
L'objectif de cette thèse est d'évaluer la contribution de l'énergie à la résorption de la pauvreté dans les zones rurales au Cameroun.
.
Le constat qui est fait est que les ménages pauvres ont majoritairement accès au bois de feu et au pétrole lampant, et minoritairement à l'électricité et au gaz domestique. Ceci conduit à s'interesser aux conditions de transition énergétique à travers une double migration: bois de feu vers gaz domestique (énergie de cuisson), et pétrole lampant vers électricité (énergie d'éclairage).